« Bettie n’avait que vingt-huit ans, et la question inexorable du sens de la vie venait la cueillir pour lui faire vivre ces grandes marées d’équinoxe qui nous retournent tous, nous font dégueuler les convenances de société, les plans d’avenir tout tracés sur la planète, les béquilles de la vie sociale. Les digues sautent, et le vent, l’eau et le feu s’engouffrent, et bouleversent la carte de nos villes imaginaires rêvées comme un remède à la grande solitude, et qui s’affaissent ensevelies d’une seule bouchée dans le pli des vagues monstrueuses pour nous laisser seul, abandonné, aux prises avec le monstre remonté des eaux : le vertige du grand vide sidéral. »
Bettie, jeune Parisienne, suite à un accrochage en voiture, échoue dans le Saint-Denis du 93, comme une étoile de mer sur une plage. Après des rencontres inattendues avec des individus comme surgis d’un monde qui lui est étranger, elle veut rentrer à la maison. Cela devient son leitmotiv, mais rien ne sera plus comme avant. Le travail, le mariage… Elle revisite sa partition, entourée d’une bande d’originaux qui traversent la vie comme des oiseaux de passage.
Après Les Chroniques du Shérif et La Queue du chat sur le tourne-disque, Christophe Sigognault, comédien, metteur en scène, clown de cirque et auteur, avec Un temps de cochon enrichit sa galerie de portraits de personnages de littérature étonnants qui vivent volontairement dans les marges du cahier des charges de notre société contemporaine, pour n’en révéler que mieux la part de bêtise et de prétention. Tantôt drôle et tantôt désespéré, si ce n’est les deux à la fois.