Le roman ! Un cétacé dans l’océan des lettres, un mammifère dont l’espèce n’est pas près de s’éteindre, tant on vient encore et toujours s’abreuver à sa mamelle. Le roman, le monstre dévoré à chaud. Figure séculaire de la bête renaissante sur nos propres cendres. Il force parfois l’admiration et fait crier les petites foules de lecteurs : « Au génie ! » certains vont jusqu’à le dégrader et le brûler en place publique. Mais gage de sa plus belle réussite, on le traduit dans toutes les langues car le géant marin s’accommode de toutes les mers et fraye dans tous les courants. Certains braconniers le traquent sans pitié pour revendre sa peau à l’industrie du cinéma, et les poètes trahissent souvent définitivement leurs muses pour épouser celle qui les fera se perdre corps et âmes dans ce genre d’aventure littéraire. Bien. Le roman donc ? Le roman vous dis-je ! Ce poids lourd toutes catégories ! Quand à nous, en tant que maison d’édition, nous n’échapperons pas au plaisir ravageur des prospecteurs, qui nous fait consacrer nos vies à la recherche et à la poursuite de nouveaux bancs, pépinières de jeunes livres capables de vous impressionner. CS